Philosophie de l’endurance : Départ & Arrivée
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Suite à notre stage de perfectionnement aux Ecuries d’Aurabelle, avec Camille Garbet et François Atger, nous allons partager ici, du mieux que nous pouvons, la philosophie de l’endurance qu’ils appliquent pour leur élevage et leur écurie.
» 160 km ? C’est juste une boucle de 20 ou 30 km, que tu répètes.
L’a-priori général, c’est que c’est dur sur la fin.
Attention, une course de 160 km, c’est compliqué. C’est difficile. Faut s’être préparés. Ca s’improvise pas. Me fais pas dire ce que j’ai pas dit : c’est du haut niveau.
Mais en vérité, si c’est dur sur la fin, c’est que le début de la course a été mal géré.
Le plus important, le plus difficile, c’est pas les 20 derniers km.
C’est les 20 premiers. Tout se joue au départ.
Au départ, elle est là l’énergie.
Ton cheval est prêt. Toi aussi. Il y a de l’effervescence. Il fait potentiellement nuit…
Tu imagines l’excitation des départs, surtout en groupe ?
Si tu commences la course trop rapidement, tu crâmes toute l’énergie de ton cheval… dans les 20 premiers km.
Comme un seau d’eau plein, qu’on renverserait, à vouloir le déplacer trop vite, avec des gestes secs et des à-coups.
T’en mets la moitié à côté, avec les éclaboussures.
Et pour les 140 suivants, vous ferez comment, avec un seau d’énergie à moitié vide ?!?
C’est quand même c** d’avoir gaspillé la moitié du seau, dans les 20 premiers km !
Un bon départ, et une bonne gestion de course, c’est ça le talent d’un cavalier d’endurance.
Ce talent a un nom : F-L-U-I-D-I-T-É
Et tu sais quoi ? La gestion de course, ça s’apprend dès les courses de 20 km.
Car là, je te parle de 160 km, parce que c’est l’épreuve « phare » du plus haut niveau.
Mais c’est valable dès que tu sors en extérieur avec ton cheval en fait. Même en balade du dimanche.
Si ton cheval est prêt physiquement, et que tu veux parcourir une certaine distance, c’est toi qui dois piloter.
Lui, il sait pas quelle distance il va parcourir.
Toi, tu sais.
C’est toi qui dois gérer la ressource de ton cheval, pour que vous franchissiez la ligne d’arrivée. T’as un seul seau d’énergie à dispo.
Plus les km s’ajoutent, meilleure doit être ta gestion de l’écoulement du seau d’énergie.
Ce qui est « pardonnable » sur 20 km, ne l’est plus par la suite.
« Finir, c’est gagner », hein ?
Dès le départ, avant le départ même, créez votre bulle de sérénité, de tranquilité.
Trouve une « bonne paire de fesses » si besoin. Repère le cheval et son cavalier qui ont l’air zen. Qui sont en train de se créer leur bulle. Pour avoir votre sous-équipe.
Laissez les autres partir vite. Certains le font à dessein, parce qu’ils le peuvent. D’autres le font malgré eux.
Ceux là n’ont pas compris que les vannes de leur seau d’énergie sont grandes ouvertes à ce moment précis… et que c’est en fait le moment le plus difficile de leur course, qui se joue là.
Ne vous laissez pas entraîner. Ne vous laissez pas déconcentrer. Ne vous « battez » pas entre vous (entre ton cheval et toi).
N’oublie jamais que les 1ers km sont les plus durs.
Même si c’est pas forcément ce que ton cheval te dira à ce moment là.
Ca te permettra de sourire lors des derniers km.
Quand ton cheval sera à l’aise.
Quand tu te diras « ah mais c’est déjà la fin ?!? »
L’endurance, c’est savoir que l’énergie et l’envie d’un cheval sont des choses trop précieuses pour être gaspillées.
A toi de mettre ton cheval dans les conditions telles, que c’est sans effort pour lui. Il faut qu’il prenne autant de plaisir que toi, à repartir et courir sur une boucle.
Sinon, tu fais peut-être de l’endurance.
Parce que l’effort est long.
Mais ton cheval galère.
Et ça, c’est pas possible.
c’est de la M**** ça.
C’est pas ça notre Sport.
L’endurance, c’est vraiment comprendre que le nombre de km importe peu… car le plus important, c’est de rentrer frais à la maison.
Que dès le 1er km, s’il n’y a pas de plaisir, c’est pas la peine.
C’est vraiment comprendre ce que signifie la phrase « Finir, c’est gagner ».
C’est ça, la Belle Endurance.
La Vraie.
Si tu comprends ça, tu as compris l’Endurance. »
Les propos ne sont pas tout à fait exacts. Mais j’ai essayé de retranscrire au mieux, un moment partagé avec François Atger lors de notre stage aux Ecuries d’Aurabelle.
Pour illustrer ces propos, je vous propose une photo prise dans les derniers km de nos 40 km de reprise, Cantad ne transpire pas. On a l’air bien, car…. On est bien. Le seau d’énergie de Cantad faisait plaisir à voir.
Inversez votre façon de penser : le plus dur, c’est le départ. Pas l’arrivée. Surtout quand les distances s’allongent.
Faites en sorte que votre arrivée ressemble à votre départ : un moment de joie, de sport, d’excitation et d’enthousiasme, pour vous (certes) mais surtout pour votre cheval et vos assistants !
Crédit photo : Jerome Aufort Photographe 77